Lettre d’un Américain à Paris à propos des élections françaises (2e partie)
Mes chers compatriotes,
La France en a (enfin) fini de son élection présidentielle. Pour vous comme pour moi, celle-ci a parfois été difficile à suivre, les Français utilisant un système désarmant de simplicité grâce auquel le candidat ayant reçu le plus de voix… est effectivement élu.
Chez nous, comme vous le savez, il existe un Collège électoral dont la seule fonction est de s’assurer que le perdant d’une élection continue d’avoir le maximum de chances d’être élu in fine. Ce système fonctionne plutôt bien, puisque deux des cinq dernières élections ont été remportées par le perdant au nombre de voix. Cela nous donne un ratio de 40% : les vainqueurs sont donc effectivement élus 60% du temps. Tout cela me semble bien plus juste que le système français, par lequel le véritable vainqueur l’emporte dans 100% des cas.
Mais revenons à la France. La plupart d’entre vous n’ayant probablement qu’une compréhension limitée de la différence entre Macron et macaron, vous êtes sans doute un peu hésitants à expliquer l’enchaînement des faits. Laissez-moi donc vous aider à mieux comprendre ce qu’il s’est passé.
Le premier tour a opposé 11 candidats et seulement permis de déterminer les deux finalistes : un gentil garçon (Emmanuel Macron) et une dame… moins gentille (Marine Le Pen). A l’instar de tout bon scénario Disney, le Bien a fini par triompher et la morale est sauve. En réalité, il a gagné par un écart si important que Donald Trump, qui avait pourtant affiché sa préférence pour la candidate du Front National, a bien été obligé de féliciter Emmanuel Macron pour sa « large victoire ». Madame Le Pen, même défaite de façon très nette, a défendu son bilan et son résultat avec force. A tel point qu’elle envisage de changer le nom de son parti. Si vous voulez mon avis, d’autres scénarios à la Disney sont d’ores et déjà dans les tuyaux : rendez-vous en 2022.
A présent, nombreux sont ceux qui craignent qu’Emmanuel Macron se prépare à des jours difficiles. Et c’est vrai, il n’a jamais été élu auparavant. Je ne suis pas de ceux-là : ce jeune homme va recevoir énormément d’aide au cours des jours et semaines à venir – plus que ce dont il aura besoin.
Et les marchés dans tout ça ? Soulagés, ils nous ont gratifié d’un rallye majeur entre les deux tours de scrutin, à la fois sur l’euro et sur les marchés boursiers européens. Mais dans un schéma très classique – « buy the rumour, sell the news » –, ce rallye a pris fin sitôt la victoire de Macron annoncée.
Bien que les marchés puissent de nouveau se montrer attentistes le mois prochain avec les élections britanniques du 8 juin et les élections législatives françaises des 11 et 18 juin, la bonne nouvelle à plus long terme est que les résultats sont là : 70% des entreprises américaines ont publié les leurs, et il ressort que près de 80% d’entre elles ont dépassé les prévisions (déjà élevées) de bénéfices par action (BPA). La croissance globale des BPA de 12,5% et celle du chiffre d’affaires de 7,5% sont les plus élevées depuis cinq ans, ce qui valide la hausse des marchés au cours des six derniers mois.
Encore mieux pour les marchés boursiers mondiaux : d’autres grandes régions du monde – l’Europe, le Japon et les marchés émergents – présentent également une croissance à deux chiffres dans le cadre d’une reprise mondiale synchronisée. « En Marche », c’est bien le mot !
***
Letter to America on the French elections, part 2
Dear America,
France has finished its Presidential elections, and I know that for Americans, French elections can be difficult to understand. The French use a system whereby the person with the most votes actually wins. In America, we have an Electoral College, whose sole purpose is to make sure that the losers of an election have a fair opportunity to win office. And it works well, as two of the last five elections have gone to the loser. That is a 40% rate, so that means the winners take office only 60% of the time. That just seems a lot fairer than the French system where the winners take office 100% of the time.
Since most Americans don’t know a Macron from a Macaron or a Macaroon (yes, those are all different things), I will explain what happened. The first round settled who the finalists would be and it turned out to be a race between a nice boy (Macron) and a mean lady (Le Pen). In what could be the plot of a standard Disney movie, the nice boy defeated the mean lady. In fact, he won by such a large amount, that even Donald Trump, who kind of liked the mean lady, had to congratulate the nice boy on his “big win.” The mean lady, even in defeat, insisted that she did very well. She said that she did so well that she is going to change the name of her party from the National Front (maybe National Behind would be more appropriate?). Anyway, it sounds like a classic Disney movie sequel is in the works. Stay tuned for 2022.
Many are afraid that Macron is going to have a difficult time, since he has never had elected office before. I am not afraid because Macron will have a lot of help from many people, including his high school teacher.
A major relief rally in both the euro and European stock markets occurred between the first and second rounds of voting, but in a classic “buy the rumor, sell the news” move, the rally stalled upon Macron’s victory. While the markets may be range-bound over the next month with UK elections on June 8 and French legislative elections on June 11 & 18, the longer term good news is that the earnings have really come through. With 70% of US companies having reported, the high expectations are being surpassed as 80% of these reporting companies have exceeded earnings per share forecasts. The overall earnings per share growth of 12½% and revenue growth of 7½% are the highest rates in over five years, validating the market’s surge over the last six months. In an even better sign for global stock markets, the other major market regions of Europe, Japan and Emerging Markets are also having very strong, double-digit earnings growth as part of a synchronized global upturn. En Marche indeed!