Olivier de Berranger

Transformer

En décembre 2017, notre édito du mois anticipait déjà la révolution de l’Intelligence Artificielle (IA). 5 ans après, ChatGPT a permis d’opérer un changement de paradigme. Dans un monde hyperconnecté, dans lequel les données sont reines, l’émergence de l’IA générative procure de prodigieuses capacités pour relever des défis, dans tous les secteurs, de la santé aux transports. A la clé de la course technologique enclenchée entre les pays et les entreprises, de précieux avantages comparatifs et un impact transformateur. L’adoption de l’IA générale par les entreprises déterminera leur réussite au cours de la décennie à venir.

Le développement de l’IA générative, dans le sillage de ChatGPT, ouvre de nouveaux horizons pour les investisseurs également. Si 70% des entreprises en adoptaient une forme d’ici 2030, l’IA pourrait accroître le PIB mondial de +1,2% par an1. A contrario, le S&P 500 serait cette année en baisse de -2% sans la contribution de l’IA et des entreprises qui en bénéficient2. Pour Paul Tudor Jones, gérant de fonds américain, ce boom de productivité pour l’économie créé par l’IA n’a que peu d’équivalent au cours des 75 dernières années.

Jusqu’ici, l’accélération de cette course de l’IA se traduit en Bourse par l’envol d’entreprises, telles que NVIDIA. Le leader mondial des processeurs graphiques, qui vient de franchir les 1 000 milliards de dollars de capitalisation, devrait doubler son chiffre d’affaires pour le segment des datacenters au cours du trimestre prochain selon les estimations. Les premiers gagnants sont les sociétés de semi-conducteurs :  les clients se ruent sur les cartes graphiques pour développer de nouveaux algorithmes d’IA et tout le secteur en bénéficie, avec de florissantes perspectives d’investissement sur l’ensemble de la chaîne de valeur. Aux Etats-Unis, le secteur des semi-conducteurs est ainsi en hausse de +32% depuis le début de l’année, contre +18% pour le secteur du logiciel. Une fois achevée cette course aux pelles et aux pioches, viendra le tour des applications, notamment dans le secteur du logiciel, qui devrait connaître dès 2024 une forte accélération des perspectives de croissance durable.

Le volume inouï de données disponibles et les progrès fulgurants de la puissance de calcul ouvrent de nouvelles possibilités d’utilisation de l’IA générative. IA, biotechs, telecoms, spatial, matériaux intelligents, fabrication additive… La convergence et l’impact de ces technologies seront profondément transformateurs (le « T » de Chat GPT signifie Transformer). La biotech allemande BioNTech a ainsi par exemple annoncé le rachat d’InstaDeep3, start-up spécialisée dans l’IA et le machine learning, pour plus de 600 millions d’euros. L’objectif ? Bâtir un leader mondial combinant recherche biopharmaceutique et IA. L’utilisation de l’IA générative pour créer des immunothérapies personnalisées, des protéines, des nouveaux traitements contre le cancer ou encore Alzheimer, ne fait elle aussi que commencer.

La généralisation de l’IA recouvre d’immenses enjeux stratégiques, économiques et financiers, scientifiques et éthiques. Si la régulation est bien sûr nécessaire – un groupe de travail sur l’IA générative et une utilisation responsable de l’IA a été créé lors du G7 d’Hiroshima en mai dernier –, une nouvelle ère de l’IA s’ouvre, pour citer Satya Nadella, PDG de Microsoft. Cette ère favorisera les entreprises bien positionnées pour surfer sur les immenses vagues de l’IA, ainsi que les investisseurs en quête d’innovation et de croissance durable.

 

Olivier de Berranger, avec la complicité de Rolando Grandi

 

 

1. Le monde en 2040, Editions des Equateurs, mai 2021
2. Au 11.05.2023, sources Datastream, SG Cross Asset Research
3. L’usine digitale, mai 2023
Les valeurs sont citées à titre d’exemple. Ni leur présence en portefeuille, ni leur performance ne sont garanties.
Les opinions émises dans ce document correspondent aux convictions des auteurs. Elles ne sauraient en aucun cas engager la responsabilité de LFDE.