S'adapter
Il y a quelques semaines, l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) a officiellement déclaré que 2023 était de loin l’année la plus chaude jamais enregistrée. L’ampleur du changement semble largement dépasser la limite des 2°C à laquelle aspire l’Accord de Paris. Nous ne pouvons plus nous limiter à l’adoption de mesures d’atténuation. L’urgence est à l’adaptation et les défis sont immenses. Il est nécessaire d’accepter la réalité du changement climatique, de ses impacts inéluctables et de s’y préparer activement. L’adaptation est l’affaire de tous, alors passons à l’action !
Adapter les territoires
Cette adaptation désigne « le processus d’ajustement face au climat réel ou prévu et à ses effets afin de modérer les dommages ou d’exploiter d’éventuelles opportunités »[1]. Elle a pour objectif d’atténuer l’impact du climat déréglé sur les sociétés humaines. Les récentes précipitations dans les régions des Trois-Lacs et du Léman menaçant les villes à proximité d’inondations illustrent l’urgence de l’adaptation des territoires face aux événements extrêmes dont la fréquence et l’intensité augmenteront au cours du siècle. Afin de s’adapter, la Confédération et les cantons des zones concernées ont décidé d’augmenter l’écoulement du barrage de Port, au Nord de Berne. La Confédération a également adopté en 2023 une politique visant à s’adapter au changement climatique et à réduire les émissions de CO2 en octroyant, par exemple, des aides financières pour favoriser la transition écologique.
Adapter les entreprises
Si les territoires sont de plus en plus exposés, les entreprises ne sont pas en reste. Le mal-être agricole actuel illustre par exemple les multiples défis qui s’imposent au secteur et rendent sa transition inéluctable. La baisse de la production agricole, étroitement liée aux impacts du changement climatique et à la dégradation de la biodiversité, affecte la rémunération des agriculteurs. La flambée des prix du cacao à laquelle nous assistons à l’approche de Pâques est une belle illustration des impacts concrets de ces phénomènes climatiques. Le renforcement de la résilience des exploitations afin de s’adapter à la nouvelle donne environnementale semble être un passage obligé. La collaboration entre les acteurs de la chaîne est cruciale pour l’adaptation de toute la filière agroalimentaire et la sécurisation des chaînes d’approvisionnement. Ici encore, un dispositif réglementaire incitatif adapté à la réalité du terrain aura probablement un rôle clef à jouer.
Financer l’adaptation
Reste l’épineuse question des financements qui devront être massifiés. Afin d’attirer les capitaux, la taxonomie européenne y dédie l’un de ses principaux volets. Elle identifie deux types d’entreprises : les entreprises adaptées qui déploient des dispositifs d’adaptation de leurs processus, et les entreprises habilitantes qui proposent des solutions d’adaptation clef en main à d’autres acteurs. Investisseurs responsables, nous sommes convaincus de notre rôle dans le financement de l’adaptation. L’analyse de l’exposition de nos investissements aux risques physiques et de transition est une première étape, devant être assortie d’une analyse qualitative approfondie des plans de transition.
Chez LFDE, les dynamiques de transition des entreprises sont évaluées selon notre méthodologie propriétaire Maturité Climat et Biodiversité. Elle intègre également l’analyse de l’enjeu de transition juste, clef du succès, comme nous le rappelle la colère des agriculteurs. Ce sujet qui anime de plus en plus la communauté finance durable, sous des impulsions réglementaires multiples, aboutira, nous l’espérons, à un financement et un engagement massif et rigoureux pour accompagner la société tout entière dans le défi de l’adaptation.