Flash Marchés

Les séquences historiques se suivent sur les marchés d’actifs risqués, sans se ressembler. Après la chute des dernières semaines, les actions viennent de connaître un rebond non moins brutal. Marqué notamment par la journée du 24 mars – au cours de laquelle le Dow Jones a connu sa plus forte hausse journalière depuis 1933 – ce mouvement a vu de nombreux indices entrer en bull market, avec une hausse de plus de 20% depuis les points bas du 16 mars.

 

Pourquoi tant d’enthousiasme ?

La crise actuelle est souvent comparée à celle de 2008. Les causes en sont néanmoins très différentes et la réponse des banques centrales et des gouvernements a cette fois été rapide et de très grande ampleur. Les annonces se sont multipliées ces derniers jours encore.

Lundi dernier, la Réserve fédérale américaine a annoncé un quantitative easing illimité sur les obligations d’entreprises. Le lendemain, la Maison Blanche et le Sénat se sont accordés sur un plan de soutien de 2 000 milliards de dollars, soit 10% du PIB américain. Ce plan prévoit des aides directes aux ménages (jusqu’à 1200 dollars par adulte et 500 par enfant), des prêts aux PME (367 milliards), aux grandes entreprises, villes et Etats (500 milliards) ainsi qu’une enveloppe de 130 milliards pour les hôpitaux. Si ces aides sont inférieures aux montants réclamés par certains investisseurs (4 500 voire 6 000 milliards), on peut légitimement penser que le gouvernement américain se réserve des munitions pour ajuster sa réponse à la durée du blocage économique. Ces montants colossaux s’ajoutent à ceux annoncés les semaines précédentes et expliquent sans doute l’enthousiasme de certains investisseurs, qui commencent à considérer que l’action des institutions internationales est à la hauteur du défi.

 

Ce rebond peut-il être durable ?

Rappelons que les rebonds techniques, souvent violents, ne sont pas rares lors des crises. En 2008, le S&P 500 avait rebondi de 19% entre fin octobre et début novembre, de 21% entre fin novembre et début décembre, avant de rechuter. Le mouvement que nous venons de connaître pourrait tout à fait s’inscrire dans cette logique, d’autant qu’il a lieu en fin trimestre : il pourrait donc être en partie dû aux flux acheteurs générés par les réallocations des principaux fonds de pensions, notamment américains.

Par ailleurs, deux incertitudes demeurent. La première est d’ordre sanitaire. En Europe, les mesures de confinement sont en place dans la plupart des pays, et il va falloir attendre pour juger de leur efficacité. Aux Etats-Unis, la réponse demeure incomplète. Seuls certains Etats ont acté le confinement et l’attitude de Donald Trump vis-à-vis de la gravité de la situation paraît pour le moins légère, même s’il a prolongé les consignes de distanciation sociale jusqu’à fin avril. Il n’y a plus guère de doute que les Etats-Unis seront le nouvel épicentre de la pandémie. Cela est anticipé par les marchés, qui ne devraient pas être surpris de l’augmentation du nombre de cas outre-Atlantique. L’emballement de la contamination, qu’on ne peut exclure à ce stade, constituerait toutefois un facteur de stress important.

L’autre inconnue est d’ordre micro-économique. Si de nombreux mécanismes sont en place pour assurer la pérennité des entreprises et éviter des faillites en série, l’impact sur les chiffres d’affaires et les bénéfices n’en sera pas moins violent. Le retour à la normale prendra du temps. Dès lors, bien que les valorisations des actions puissent paraître attractives sur ces niveaux, ce ne sera sans doute pas suffisant pour alimenter une hausse soutenue, compte tenu des faibles perspectives d’activité.

Nous ne pensons donc pas que le rebond de la semaine passée constitue les prémices d’un rattrapage durable. Le potentiel de nouvelle baisse violente a certes été réduit par l’action massive des gouvernements et des banques centrales. Les incertitudes liées à la situation sanitaire et à l’impact à moyen terme sur l’activité des entreprises – et in fine sur les valorisations – rendent toutefois difficilement crédible un retour rapide à la normale.

 

Comment tirer parti de cet environnement ?

Etant donné le manque de visibilité sur l’évolution à court terme de la situation sanitaire ainsi que sur les impacts à moyen et long terme du blocage économique, nous conservons un positionnement prudent dans nos portefeuilles. Néanmoins, à mesure que le choc émotionnel se dissipe, des questions plus fondamentales se posent dans les marchés, ouvrant la voie à des opportunités d’investissement.

Ce contexte impose une grande mobilité, qui nous paraît être la clé pour délivrer de la surperformance dans un environnement si particulier. Nous la mettons particulièrement en œuvre au sein de nos fonds multi-actifs et d’allocation mais également de nos stratégies actions et obligataires : toutes nos équipes de gestion sont pleinement mobilisées pour rendre les portefeuilles plus résilients.

Rédaction achevée le 30.03.2020