La biodiversité, enjeu stratégique des entreprises

Podcast Sursauts, Episode 1

| Véronique Dham , Fondatrice de Biodiv’corp
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La perte de la biodiversité, qui s’accélère, impacte tout le monde, individus, entreprises, marchés financiers. Notre dépendance à la biodiversité est immense : plus de 50% du PIB mondial en dépendent selon le Forum Economique Mondial. Préserver la faune et la flore est crucial dans un monde où un million d’espèces sont menacées d’extinction[1]. L’érosion de la biodiversité est un risque pour les entreprises car toutes sont liées à cet enjeu à des niveaux différents.

Dans ce premier épisode du podcast « Sursauts », podcast pédagogique dédié à la biodiversité, nous abordons avec Véronique Dham, ancienne journaliste et fondatrice de BIODIV’CORP, seule société de conseil et de formation sur la biodiversité :

  • Les liens entre la biodiversité et les entreprises
  • Le rôle des entreprises dans la protection de la biodiversité et les solutions qu’elles conçoivent pour la protéger et/ou la régénérer
  • Le rôle des marchés financiers

 

Entreprises & biodiversité : des liens fertiles

Tous les secteurs économiques dépendent et impactent les écosystèmes naturels et exercent des pressions sur eux. 5 pressions sur la biodiversité sont répertoriés : les pollutions et la surexploitation des ressources, les ravages de la déforestation, les changements des habitats naturels, les espèces invasives et le réchauffement climatique.

Certaines activités sont plus dépendantes de la biodiversité et des ressources naturelles que d’autres, y étant exposées sur l’ensemble de leur chaîne de valeur. Il y a donc également un risque de mettre en péril la durabilité de leurs activités. C’est le cas notamment de l’industrie agroalimentaire.

L’érosion de la biodiversité est donc un enjeu stratégique pour les entreprises. C’est un risque mais aussi une opportunité. Intégrer la biodiversité dans les stratégies des entreprises est déterminant pour toutes les entreprises, quelle que soit leur taille.

 

Le rôle des entreprises dans la protection de la biodiversité : un défi complexe

La préservation de la biodiversité est un défi complexe et difficile à appréhender. Elle implique de prendre en compte les nombreuses interactions entre les différents éléments vivants de notre planète. Intégrer la biodiversité dans les stratégies des entreprises implique de prendre en compte les impacts potentiels sur la biodiversité. Il est nécessaire de développer des mesures de l’empreinte biodiversité en déterminant comment les activités d’une entreprise l’affectent, que ce soit directement à travers, par exemple, la destruction d’habitats ou indirectement par le biais des chaînes d’approvisionnement.

La gouvernance joue également un rôle crucial dans la préservation de la biodiversité au sein des entreprises. Elles doivent établir des politiques et des mécanismes de gouvernance clairs pour intégrer la biodiversité dans leurs décisions stratégiques.

En intégrant la biodiversité de manière proactive, les entreprises peuvent réduire leurs risques physiques liés à la dégradation des écosystèmes. Préserver la biodiversité nécessite également des actions de sensibilisation et de formation au sein des entreprises.

 

Solutions en faveur de la biodiversité

Les entreprises développent des solutions qui permettent de préserver la biodiversité et/ou de limiter les pressions qu’elles exercent sur cette-dernière. Il y a une prise conscience de l’importance de protéger la biodiversité et les entreprises s’engagent à agir pour régénérer les écosystèmes, préserver les espèces menacées et mettent en place des solutions, telles que :

  • Des solutions de recyclage pour réduire la pollution et minimiser les déchets. Elles encouragent la réutilisation des matériaux et la transformation des déchets en nouvelles ressources.
  • Des projets de reforestation pour replanter des arbres, contribuant ainsi à la régénération des écosystèmes forestiers. C’est une solution nécessaire car la destruction des forêts est de plus en plus importante. En France, les incendies ont par exemple brûlé, en 2022, plus de 62 000 hectares de forêts[2], ce qui équivaut à près de 6 fois la ville de Paris.
  • Des mesures de protection de la biodiversité marine telle que la lutte contre les espèces invasives, des espèces vivantes introduites hors de leur habitat naturel, et dont la prolifération provoque des dégâts dans le milieu dans lequel elles s’installent.
  • Des technologies pour dépolluer les habitats naturels et préserver la qualité de l’eau, comme des systèmes de traitement des eaux usées, des méthodes de dépollution des sols et des innovations visant à réduire les rejets de substances nocives dans l’environnement.

Les marchés financiers considèrent aujourd’hui la biodiversité comme un risque aussi important que ceux liés au climat et au carbone pour leurs investissements. Un travail d’analyse des entreprises est alors réalisé en amont pour évaluer les actions mises en place par ces-dernière pour réduire leurs pressions sur la biodiversité et ainsi, s’assurer de la durabilité de leurs activités et par conséquent, des investissements.

Les obligations légales de reporting de la biodiversité balisent également le chemin des entreprises. Notamment la directive européenne Corporate Sustainability Reporting Directive – CSRD qui entrera en vigueur en janvier 2024 et intégrant la biodiversité au même niveau que les thématiques environnementales ou sociétales. Les entreprises devront rendre des comptes via des informations détaillées pour rassurer toutes les parties prenantes et notamment les marchés financiers, sur la prise en compte de ce sujet. La pression des marchés financiers, dans les discussions et échanges avec les banques ou les investisseurs, tendent à démontrer aux entreprises que la biodiversité est un sujet capital qui sera étudié lors des décisions d’investissement.

 

[1] IPBES, 2019
[2] Système européen d’information sur les feux de forêts (EFFIS)