Rolando Grandi

2021, la nouvelle Odyssée de l’espace

Après Elon Musk, au tour des gérants de se lancer dans la conquête spatiale. Avec Echiquier Space, son nouveau fonds actions internationales, La Financière de l’Echiquier (LFDE) a la tête dans les étoiles. Elle entend miser sur « l’économie spatiale 2.0 » pour donner un petit air de science-fiction aux portefeuilles des investisseurs. Passé l’effet de surprise, la thématique se révèle assez riche. Décryptage

CONVERGENCE DES ASTRES

L’espace n’est pas qu’un des derniers grands mystères de l’humanité, c’est aussi un marché très lucratif : il pèse aujourd’hui 400 milliards de dollars et pourrait atteindre jusqu’à 2.700 milliards d’ici à 2045 (1). Avec de tels chiffres, pas étonnant que des gérants aient décidé de se lancer dans l’aventure spatiale. « Echiquier Space était en réflexion depuis 2018, confie Rolando Grandi, gérant du fonds. A cette époque,  nous pouvions déjà voir certaines tendances converger, comme l’utilisation de technologies de pointe (robotique, imprimante 3D…) par des entreprises. » Depuis, les progrès ont continué, notamment dans les domaines de la réutilisation des fusées et de la construction de satellites. Au point que LFDE considère les planètes suffisamment alignées pour lancer sa stratégie. Pour cette thématique, les gérants ne se limitent pas en terme de géographie ou de secteurs. Difficile de résumer simplement leur univers d’investissement de 170 valeurs (pour 25 à 35 titres en portefeuille). On y retrouve des entreprises exerçant des activités spatiales de tous types :

conception et exploitation d’actifs comme les satellites, génération et exploitation de données, gestion opérationnelle des ports spatiaux, soutien à l’écosystème (financement, assurance, logistique…). La data spatiale est au cœur de la stratégie de ciblage des gérants. Et notamment les entreprises qui les exploitent, à l’instar des assureurs. « Il peuvent utiliser ces données pour mettre en place des mesures préventives auprès de leurs assurés et donc potentiellement réduire l’impact économique d’un sinistre climatique par exemple », explique Rolando Grandi. La lutte contre la pollution et le dérèglement climatique, la gestion du transport maritime et aérien, peuvent également bénéficier des données spatiales. La colonisation de Mars attendra donc, l’idée ici est d’utiliser l’espace pour améliorer la vie sur Terre.

LA GUERRE DES ÉTOILES

Bien qu’il soit encore réservé à une élite, l’espace fait l’objet d’âpres batailles politiques. C’est pourquoi le gérant précise que son équipe exclut les entreprises publiques ou semi publiques, comme c’est souvent le cas en Russie et en Chine. Autre sujet de controverse : Echiquier Space se veut un fonds responsable. L’équipe a développé une charte ESG, prévoyant notamment l’exclusion des secteurs de l’armement et de la défense. Les gérants ciblent également une empreinte carbone du portefeuille inférieure à celle de son indice de référence (MSCI All CountryIndex Net Return Euro). Mais la conquête spatiale a un coût environnemental important. L’activité humaine engendre une pollution encore difficilement maîtrisable, ne serait-ce qu’à cause des déchets qui se retrouvent en orbite autour de la Terre. Face à cette problématique, on peut s’interroger sur la volonté de l’équipe de cibler prochainement le label ISR. « De nombreuses technologies spatiales contribuent à la préservation et à l’amélioration de tous les écosystèmes, de la gestion des débris à l’observation de l’impact de l’activité humaine sur notre planète, en passant par la résolution de la fracture numérique », répond Rolando Grandi. Ce dernier dit vouloir cibler les acteurs spatiaux 2.0 qui ont « des politiques très précises sur la gestion des débris et le démantèlement des satellites ». A vérifier une fois le fonds en orbite. Pour l’instant, la thématique semble prendre auprès des investisseurs : Echiquier Space a déjà collecté 35 millions d’euros, dont une bonne partie auprès d’un institutionnel.

Auteur :  Gaétan Pierret
Journal : L’Agefi Actifs
(1 )PwC, Bank of America Merril Lynch, 2020