Flash Spécial Rentrée

Par Enguerrand Artaz, analyste cross asset

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Un été serein, animé par les banques centrales

> L’été sur les marchés financiers a été relativement calme. Comme un symbole, le VIX (indicateur de volatilité du S&P 500) est passé sous la barre des 10 pour la première fois depuis plus de 10 ans. Si les comportements ont globalement été prudents, avec une légère remontée de l’aversion au risque favorisant l’or et conduisant à des prises de bénéfices sur les marchés actions, la toile de fond macroéconomique est restée encourageante, en particulier dans la zone euro.

> Le début de la période estivale a été placé sous le sceau des banques centrales, les déclarations de Mario Draghi lors du forum de Sintra et la publication des minutes de la réunion de la Réserve fédérale américaine de juin ayant eu un impact notable sur les marchés, notamment sur le niveau des taux longs et sur les devises. En particulier, la forte hausse de l’euro, renforcée suite au symposium de Jackson Hole, a été préjudiciable aux marchés actions européens.

 

De part et d’autre de l’Atlantique, des dynamiques différentes

 

Aux Etats-Unis : le cycle, jusqu’où ?

 

> MACROECONOMIE
Les récentes données économiques, la révision de la croissance du PIB pour le 2e trimestre notamment, ont été de bonne facture. Les signes que l’économie américaine est en haut de cycle sont toujours présents (emploi, fléchissement de la consommation de biens durables et des profits des entreprises…), mais n’indiquent pas de fort ralentissement à court terme.

> ENTREPRISES
La saison des résultats du 2e trimestre a été solide, avec les très bonnes publications des géants de la nouvelle économie (FACEBOOK, ALPHABET en particulier), tandis que le secteur de la distribution traditionnelle a souffert (WALMART par exemple).

> MARCHÉS ACTIONS
Porté par un dollar faible, les actions américaines se sont bien tenues pendant l’été. Le niveau des valorisations continue de présenter des risques à nos yeux, celles-ci intégrant les effets d’une réforme fiscale dont le mise en œuvre reste hypothétique.

> A SURVEILLER
L’administration Trump est en grande difficulté pour appliquer le programme du candidat. Les dissensions au sein de la majorité ont conduit à un échec de la réforme de l’Obamacare et, privé de la marge de manœuvre budgétaire qu’elle aurait permis, le Président ne dispose que de peu de solutions pour parvenir à financer les baisses d’impôts promises.

 

En Europe : la reprise, bien en place

 

> MACROECONOMIE
La reprise de l’activité économique en zone euro est toujours bien orientée et se diffuse aux pays les plus fragiles (Italie, Portugal). La robustesse de l’investissement productif rassure par ailleurs la soutenabilité et la qualité de la croissance. La confiance en la situation économique devrait stimuler la consommation.

> ENTREPRISES
Un nombre plus élevé de mauvaises surprises, davantage d’avertissements sur résultats et peu de relèvements d’objectifs : la saison des résultats au 2e trimestre en Europe seraitelle décevante ? En regardant de plus près, la bonne santé des entreprises européennes interpelle, à plus de 25% de croissance des bénéfices contre 9% aux Etats-Unis.

> MARCHÉS ACTIONS
Si les valorisations des marchés européens sont encore loin des niveaux (inquiétants) de leurs homologues américaines, en particulier après un été plutôt baissier, elles présentent globalement moins d’opportunités. Une situation qui limite le potentiel de « trend » et milite pour la sélection de valeur.

> A SURVEILLER
Près de 6 mois après l’activation de l’article 50, les négociations autour du Brexit ont très peu avancé. Une situation qui, à court terme, renforce l’attractivité de la zone euro mais qui doit être surveillée, sa conclusion ayant peu de chance d’être neutre.

 

Perspectives : une période propice à la sélection de valeurs

 

> Perspectives économiques plus favorables, valorisations moins élevées, meilleure croissance des profits des entreprises : les arguments en faveur des actions européennes, celles de la zone euro en particulier, sont nombreux. La reprise étant bien entamée, les marchés devraient connaître une période plus propice au stock & bond picking, avec peu de mouvements d’ensemble thématiques ou sectoriels. La nécessaire discrimination imposée par les valorisations ainsi que la faible corrélation des titres entre eux (qui alimente la volatilité basse des indices) vont dans ce sens. Après de 10 ans de marchés dirigés par les banques centrales, un cycle plus favorable à la gestion active serait-il en train de voir le jour ?

> Les grands catalyseurs des prochains mois resteront les décisions des banques centrales et leurs impacts, tant sur les taux longs que sur les devises, le dollar et l’euro en tête. Pour les marchés de taux, cela implique de conserver une duration courte en l’absence de mouvement plus clair et de faire preuve d’opportunisme dans les choix d’investissements. Plus globalement, dans un contexte modérément favorable aux marchés d’actifs risqués, il apparaît important d’être réactif dans les allocations, et de se tenir prêt à renforcer les investissements en actions, en privilégiant les titres européens.