La stratégie d'investissement pour 2010
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Les plans de relance massifs et les politiques monétaires volontaristes des banques centrales à travers le monde ont favorisé le retour progressif de la croissance en 2009. Sur les marchés financiers, les actions et les obligations d’entreprises ont ainsi procuré des rendements parfois spectaculaires aux investisseurs qui ont eu le courage de reprendre des risques. A l’inverse, les actifs sécurisés que sont le monétaire et les emprunts d’Etat ont affiché une très faible rémunération ainsi que nous l’anticipions ici même l’an passé. 2009 a donc été marquée par une hausse généralisée des actions et les choix courageux sur les valeurs cycliques ou endettées ont été plus particulièrement récompensés tandis que les valeurs dites défensives ont été délaissées.
Alors que le rebond des marchés en 2009 aura surtout été tiré par les mesures macro-économiques, sa poursuite en 2010 sera avant tout favorisée par l’amélioration des résultats des entreprises. Ce grand retour du “stock-picking” est une bonne nouvelle pour votre équipe de gestion qui devra faire preuve de discernement dans ses choix de valeurs.
2010 : actions, sélection
Les facteurs qui ont permis le redressement des marchés l’an passé seront à nouveau favorables en 2010. Toutefois, la plupart de ces éléments de soutien sont déjà bien intégrés par les investisseurs comme la diffusion des plans de relance et le redressement du marché immobilier américain. Nous avons identifié trois points sur lesquels nous serons vigilants en 2010.
Le premier concerne la politique monétaire des banques centrales, particulièrement accommodante depuis plusieurs mois. Dans la mesure où les autorités monétaires détestent surprendre les marchés, il n’y a pas de raison particulière de s’inquiéter d’une éventuelle remontée des taux d’intérêts à court terme. Le tour de vis monétaire n’interviendra en effet pas avant que la reprise économique ne soit durablement affermie.
Le second concerne l’endettement croissant des Etats développés. L’accroissement des déficits publics est la double conséquence des plans de relance et de la baisse des recettes fiscales liée à la crise mais il devra être corrigé à moyen terme. Il faudra donc être attentif aux mesures qui viseront à réduire ces déficits : souhaitons qu’elles favorisent une croissance structurelle des économies par des efforts concernant la recherche, la formation et l’emploi plutôt qu’une cure d’austérité qui mettrait à mal la reprise en cours.
Enfin, et c’est la meilleure nouvelle pour nous en tant qu’investisseurs proches des entreprises, les signaux en provenance des sociétés cotées sont particulièrement encourageants. Non seulement elles se sont remarquablement adaptées en 2009 en réduisant leurs coûts de manière drastique mais, en 2010, le restockage et surtout, la reprise des investissements après le gel observé durant la crise devraient leur permettre de renouer avec la croissance de leur chiffre d’affaires. Les bonnes surprises de 2010 viendront donc d’abord des entreprises.
Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le deuxième semestre 2009 et le début de l’année 2010 sont marqués par la reprise d’opérations de taille très significatives menées par des industriels. Citons par exemple le rachat de CADBURY par KRAFT pour plus de 10M£ et celui de FEMSA par HEINEKEN pour 7,5 à 8Md$. Ce mouvement sera durable car les bilans des entreprises sont sortis renforcés de leur désendettement et leur financement est facilité par l’appétit des investisseurs pour les obligations privées de qualité. Surtout, ces opérations ont le mérite de donner un prix aux actifs cotés que nous détenons dans vos fonds. Ainsi, DELL a racheté la SSII PEROT SYSTEMS à 1,5 fois son chiffre d’affaires, ce qui valorise sur ces bases la SSII STERIA à trois fois son cours actuel. Enfin, le niveau de valorisation des actions demeure particulièrement attractif en dépit du fort rebond observé en 2009. Le ratio cours/actif net des cinquante principales sociétés cotées européennes est toujours d’environ 1,5, un niveau de bas de cycle à comparer à une moyenne de 2 depuis une dizaine d’années.
Quels repères nous guident pour vos investissements ?
Alors que nous avions recommandé d’investir dans les obligations d’entreprises en début d’année dernière pour profiter de rendements historiquement élevés, nous considérons aujourd’hui que la performance spectaculaire de cette classe d’actifs ne pourra être réitérée en 2010. La détente des primes de risque et la normalisation du marché du crédit permettent toutefois aux obligations d’entreprises d’afficher des rendements supérieurs aux emprunts d’Etat : les conserver demeure judicieux.
Compte tenu de l’amélioration à attendre de la situation des entreprises, nous sommes particulièrement favorables aux actions, en particulier européennes. Si les “blue chips” sont aujourd’hui bien valorisées, beaucoup de valeurs de croissance à prix raisonnable (“GARP”) et de sociétés “value” offrent de réelles perspectives de profit pour ceux qui sauront faire preuve d’une vraie sélectivité dans le choix des titres. Pour 2010, nos investissements portent principalement sur des entreprises capables de profiter de quatre thèmes centraux : les exportations allemandes parce que l’industrie d’Outre-Rhin sort gagnante de la crise ; la consommation émergente qui reste une tendance de fond pour les entreprises présentes dans ces zones dynamiques ; la reprise de l’investissement, particulièrement après les coupes sombres pratiquées depuis deux ans ; enfin, le retour à la normale des valorisations puisque les actions sont encore à des prix de bas de cycle.