Paris, capitale de l'investissement responsable
L’année 2016 aura été riche en actualités ISR avec la concrétisation de nombreuses initiatives lancées en 2015 : attribution des premiers labels soutenus par les pouvoirs publics, entrée en vigueur de la loi de transition énergétique pour la croissance verte et de son volet appliqué aux sociétés de gestion (article 173), premier anniversaire réussi pour l’Accord de Paris… Grâce à un savant dosage d’initiatives privées et publiques, Paris garde une longueur d’avance !
L’entrée en vigueur de l’article 173, qui impose aux investisseurs institutionnels des obligations de reporting sur la prise en compte des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) et du risque climatique, conforte la France dans son statut de leader de l’investissement responsable. Notre pays est en effet le premier au monde à se doter d’un cadre législatif aussi solide sur les obligations d’information en matière de gestion des risques liés au climat. La loi NRE (« Nouvelles régulations économiques ») adoptée en 2001(1) et complétée en 2010 par la loi Grenelle 2, plaçait déjà notre pays à l’avant-garde sur le sujet de la responsabilité sociale des entreprises. Peu à peu, la France devient source d’inspiration : la Taskforce sur le reporting climat (TCFD), lancée par le Conseil de stabilité financière du G20 et pilotée par Michael Bloomberg, a proposé fin 2016 un cadre global de reporting climat pour les entreprises en phase avec l’esprit de l’article 173. Ce projet entre actuellement en phase de consultation publique. A suivre donc…
Des initiatives grand public pour démocratiser l’ISR
C’est aussi en 2016 que les premières labellisations de fonds ISR et TEEC (transition énergétique et écologique pour le climat) se sont concrétisées. Deux fonds de La Financière de l’Echiquier – Echiquier Major et Echiquier ISR – ont d’ailleurs obtenu le label ISR. Gages de la robustesse de la méthodologie de gestion, ces labels d’Etat imposent une transparence accrue sur les résultats de la mise en œuvre de ce processus. Ils doivent également permettre aux épargnants de mieux identifier les fonds investis dans des entreprises dont la stratégie répond aux enjeux du développement durable. Un organisme de promotion du label ISR est notamment chargé de contribuer à la « démocratisation » de l’ISR auprès des particuliers.
La France étant un terreau particulièrement fertile pour la finance verte et durable, la COP 21 qui s’est tenue à Paris fin 2015 ne pouvait être qu’un succès. Ce fut le cas. Un an plus tard – une prouesse – l’Accord de Paris entrait en vigueur, le seuil des ratifications de 55 pays représentant 55% des émissions de gaz à effet de serre ayant été nettement dépassé (80%). L’essai doit encore être transformé : les engagements pris par les Etats restent en effet insuffisants dans l’optique d’une limitation du réchauffement climatique à 2 degrés, alors que l’actualité (pics de pollution à Paris, en Chine…) pointe l’urgence de la mobilisation.
Paris, place financière verte
Leader de l’investissement responsable en Europe(2) et numéro trois mondial(3), la France se classe aussi au 2e rang mondial des émissions d’obligations vertes. Que ferons-nous de ce leadership ? Le lancement de l’« Initiative Finance verte et durable » de la Place de Paris par Paris Europlace vise notamment à capitaliser sur l’expertise française en la matière et à « organiser le rayonnement européen et international de Paris comme place financière verte et durable ». La France peut aussi œuvrer en faveur de l’homogénéisation : les investisseurs sont notamment demandeurs d’un label européen. Quant au reporting climatique, le risque est grand qu’il soit vécu comme une contrainte administrative supplémentaire pesant sur les fonds commercialisés en France. Pour qu’au contraire il devienne une véritable source d’information favorisant des décisions d’investissement plus éclairées, il est essentiel que l’initiative française fasse des émules chez nos voisins européens.