La Gazette des instits : Vers une analyse dynamique et prospective de la performance environnementale ?

Par Virginie Wauquiez, Directrice Générale de Carbon4 Finance

Nouveautés de la refonte du label ISR, mais également des nouvelles réglementations CSRD, CSDDD et CRR/CRD, les plans de transition climatique sont au centre de l’actualité et de l’attention des entreprises, institutions financières, superviseurs et ONGs.
Ainsi depuis le 1er mars 2024, 15% des portefeuilles des nouveaux fonds labellisés ISR doivent être investis dans les secteurs à fort impact, avec des plans de transition cohérents avec les accords de Paris. CSRD et CSDD exigent quant à elles la publication de plans de transition, comprenant les réductions d’émissions de gaz à effet de serre (scopes 1, 2 et 3), les leviers de décarbonation, leur calendrier de mise en oeuvre, ainsi que les moyens financiers alloués –dépenses d’investissement et d’exploitation.
Les plans de transition constituent en effet le lien entre les objectifs environnementaux mondiaux et les contributions des acteurs économiques individuels – entreprises, secteur public, institutions financières.

Au-delà du simple reporting, le plan de transition est avant tout un instrument central de la stratégie de l’entreprise. Il exige une appréhension complète des enjeux climatiques afin de permettre aux dirigeants de mesurer leurs impacts et dépendances, actuels et à venir. Cette étape est critique pour transformer durablement leur modèle d’affaires de façon à développer des activités qui seront résilientes dans un monde bas-carbone, plus intense en évènements climatiques extrêmes, et également plus limité en ressources – énergie, matières premières…

Evaluer la pertinence et la crédibilité de ces plans de transition est un défi majeur pour les acteurs financiers. La méthode Carbon Impact Analytics développée par Carbon4 Finance a d’ailleurs intégré cette dimension prospective via son pilier Futur (Forward Looking), et ce dès sa création en 2016.
En effet, nous considérons que la simple vision statique des émissions induites et/ou évitées ne suffit pas à évaluer la performance climatique d’une entreprise. Il est nécessaire de comprendre sa dynamique générale : les efforts déjà engagés depuis 5 ans (pilier Passé), son positionnement actuel (pilier Présent), et sa trajectoire à venir (pilier Futur) via ses engagements de réduction des émissions en absolu et en intensité, et les moyens qu’elle déploie – stratégie, investissements en capital, en ressources, gouvernance.

Cette analyse doit s’accompagner d’un regard critique sur les informations publiées, en évaluant leur crédibilité et en s’assurant de la complétude du périmètre considéré. Car l’objectif reste d’assurer la comparabilité des informations prises en compte au sein d’un même secteur, ou d’un secteur à l’autre. La directive CSRD pourra certes faciliter la collecte des informations, mais ne pourra garantir cette comparabilité, une certaine latitude étant laissée à l’entreprise via l’analyse de matérialité.

Seule une approche holistique, dynamique, conjuguée à une revue critique et scientifique le permettra. Nous formulons le souhait qu’au-delà du climat, ces plans de transition puissent rendre compte de la préservation du capital naturel et du respect de la biodiversité, éléments essentiels d’un développement durable.

 

Retrouvez la Gazette des Instits en intégralité : La Gazette des Instits (Mai 2024)