Luc Olivier

Finance et biodiversité peuvent-elles faire bon ménage ?

Par Luc OLIVIER, Gérant de fonds à impact, La Financière de l’Echiquier

 

Nous en sommes convaincus. La finance a un rôle crucial à jouer pour préserver la biodiversité en dirigeant les capitaux vers les entreprises qui développent des solutions et en accompagnant les autres sur le long terme pour gérer au mieux leur dépendance ou leur impact. Si la prise de conscience du risque financier engendré par la perte de biodiversité émerge, aborder cet enjeu s’avère complexe. C’est pourquoi La Financière de l’Echiquier (LFDE) s’entoure d’experts, forme ses collaborateurs et s’engage, dans le cadre du Finance for Biodiversity Pledge, à intégrer des critères de biodiversité dans ses analyses et à publier l’impact de ses investissements d’ici 2024.

L’enjeu est de taille. De nombreuses industries dépendent des services écosystémiques, de l’agriculture aux transports. Au total, selon le Forum économique mondial[1], 50% du PIB mondial dépendent de la biodiversité. Nous publions depuis 2021 l’empreinte biodiversité de nos principaux fonds. Une 1e étape permettant aux gérants d’appréhender ce risque encore peu connu, connexe au climat, et dont l’impact financier est important à moyen et long terme.

 

Equilibre et pragmatisme

Au sein de notre stratégie d’investissement dédiée au climat, nous avons renforcé les critères liés à la biodiversité, à l’issue de travaux avec nos parties prenantes du monde académique, scientifique, financier, et intégré 2 Objectifs de Développement Durable (ODD) liés à la biodiversité, l’ODD 14 Vie aquatique et l’ODD 15 Vie terrestre. Ils s’ajoutent aux ODD déjà pris en compte pour le Climat, l’ODD 7 Energie propre et d’un coût abordable et l’ODD 11 Villes et communautés durables.

Nous cherchons à identifier si l’entreprise est dépendante et/ ou impacte la biodiversité à l’aide de notre matrice propriétaire. Si c’est le cas, nous évaluons la feuille de route de l’entreprise et analysons les 4 pressions exercées sur la biodiversité que sont les espèces invasives, la pollution des sols, de la mer, de l’air, la destruction des habitats naturels et la surexploitation des ressources comme la déforestation. Le réchauffement climatique, la 5e pression, est déjà analysé dans la partie climat.

Nous ne basculerons pas dans un monde neutre en carbone et protecteur de la biodiversité en un jour. C’est pourquoi il est important de soutenir des solutions adaptées aux besoins de l’économie réelle. Aussi cherchons-nous à investir dans des entreprises qui apportent des solutions concrètes, comme par exemple Aker Carbon Capture, leader norvégien de la capture du CO2, des entreprises qui contribuent à enrayer la pollution plastique – avec des technologies de substitution, comme le Poly Lactic Acid, un plastique biodégradable produit à partir de sucre (Corbion) – à la gestion des déchets, à l’agriculture verticale ou encore au traitement de l’eau sur les navires ou des eaux de ballaste (Alfa Laval).

Nous investissons également dans des entreprises pionnières, dont les actions déployées permettent d’embarquer leur écosystème. Et ainsi que dans des entreprises en transition devant renforcer leurs pratiques.

 

Accompagner

La détention longue des actifs permet aux managers de déployer leur stratégie en bénéficiant de temps. C’est pourquoi nous n’excluons pas d’emblée les entreprises utilisant des matières premières controversées comme l’huile de palme, si elle fait l’objet d’une certification indépendante (RSPO) et accompagnons sa substitution. En revanche les producteurs d’huile de palme sont formellement exclus de nos investissements, étant condamnés à arrêter leur activité s’ils rejoignent une optique de transition. Nous n’excluons pas non plus l’exploitation forestière, d’autant que l’équivalent de 27 terrains de foot de forêts disparaît chaque minute dans le monde[2]. Nous sommes ainsi investis et engagés auprès de Svenska Cellulosa, 1er propriétaire forestier d’Europe, qui a certifié ses forêts par les 2 standards mondiaux PEFC et FSC, replante au moins 2 arbres pour chaque arbre coupé et réduit les zones de coupe qui sont l’habitat d’espèces en danger.

Cet engagement auprès des entreprises est au cœur des Rencontres Climat & Biodiversité de LFDE, une initiative unique dans la communauté financière qui a réuni fin novembre autour de l’équipe de gestion à impact de LFDE, entreprises, clients et experts afin de stimuler l’échange des meilleures pratiques. Une première en Europe ! Bilan ou suivi des actions lors de la 2e édition.

 

 

[1] Rapport Risques Globaux, 2021.
[2] ONG Global Forest Watch

 


Disclaimers
Le résultat des analyses présenté dans ce document est fondé sur la base des meilleures sources en notre possession et sur une méthodologie propriétaire d’analyse des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance. D’autres critères entrent en considération dans la performance d’une action. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures et ne sont pas constantes dans le temps.
L’attention de l’investisseur est attirée sur le fait que son investissement dans une stratégie d’impact ne génère pas d’impact direct sur l’environnement et la société mais que la stratégie cherche à sélectionner et à investir dans les entreprises qui répondent aux critères précis définis dans la stratégie de gestion.
Les valeurs sont citées à titre d’exemple, leur présence dans notre gestion n’est pas garantie.