Avy Amiel

Le fonds en Euros a-t-il toujours de l'intérêt ?

 

A quelques jours de la présentation par les assureurs de la rémunération des fonds en euros, une chose est sûre : le rendement devrait, sans surprise, baisser à nouveau. C’est une tendance structurelle : en 2008 le taux de rendement moyen des fonds en euros était de 4%, l’année dernière il est tombé en moyenne à 2,5% ! Quelles sont les raisons de cette diminution ? Est-elle inéluctable ?

Comment le rendement des fonds en euros est-il constitué ?

Pour comprendre le faible niveau de rémunération des fonds en euros, il suffit d’analyser leur composition. Un fonds en euros est constitué en moyenne de 80% d’obligations, le reste étant partagé entre immobilier, actions, liquidités… Le rendement d’un fonds en euros est issu essentiellement des revenus de ses actifs, c’est-à-dire des coupons d’obligations, des dividendes, des loyers, etc. Et de fait, le taux de rendement des obligations a fortement chuté et avec lui celui des fonds en euros. Le taux de rendement du fonds en euros est constitué d’une part d’un taux minimum garanti (de l’ordre de 1%) et de la participation aux bénéfices. Cette dernière n’est cependant pas toujours reversée en totalité. Le reliquat éventuel permet de lisser dans le temps les performances des bonnes et des mauvaises années, et de compléter éventuellement le rendement des fonds en euros les années plus difficiles. Mais les réserves ne sont pas inépuisables !

Pourquoi le rendement des fonds en euros baisse-t-il inexorablement ?

Depuis 2009, la faiblesse de la croissance économique et de l’inflation ont entraîné un fort recul des taux obligataires en Europe. Par exemple, la rémunération actuelle de l’emprunt d’Etat français à dix ans (actif majeur des fonds en euros) ne dépasse pas 1% contre 4,5% en 2008 ! De plus, la baisse des taux d’intérêt à court terme décidée par la Banque centrale européenne et son programme agressif d’achat d’actifs (Quantitative Easing), qui vise à acquérir régulièrement des obligations d’Etats, accentuent significativement le recul des taux de rendement de ces dernières. Par ailleurs, certaines obligations acquises en portefeuille lorsque les taux d’intérêt étaient plus élevés arrivent à échéance et sont remplacées par de nouvelles obligations dont le taux de rendement est historiquement faible.

Que peut-on attendre pour l’avenir ?

Sous le double effet de l’arrivée à échéance des obligations anciennes (rendements élevés) et de la nouvelle collecte sur les fonds en euros, les assureurs achètent des obligations qui rapportent souvent moins de 1% par an. Le rendement des fonds en euros est donc orienté à la baisse ; il se situera probablement aux alentours de 2% l’année prochaine. Nous n’assisterons pas à un retournement de tendance dans un proche avenir. Cette tendance est confortée par les normes prudentielles qui incitent les assureurs (Solvency II) et les banques (Bâle III) à augmenter la part de leurs investissements investie en obligations d’Etat. En effet, les nouvelles normes de solvabilité renforcent le niveau des fonds propres nécessaires pour tout investissement dit « risqué ». Concernant la fiscalité de votre contrat d’assurance vie multisupports, les intérêts des fonds en euros sont soumis, chaque année depuis 2011, aux prélèvements sociaux (15,5%) dès leur inscription en compte (le Conseil constitutionnel l’a encore confirmé récemment). L’amélioration du rendement de votre contrat d’assurance vie nécessite donc aujourd’hui de prendre une dose de risque avec des supports dits « en unités de comptes ». Le choix est large pour s’adapter à votre tempérament d’investisseur et viser une meilleure rentabilité : fonds patrimoniaux, flexibles, actions.

N’hésitez pas à interroger votre gérant privé qui vous accompagnera dans vos choix d’investissement.